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samedi 17 décembre 2011

Stromae

Est-ce lui ou Elio qui a remis le nœud pap’ à la mode ? Il a un style vestimentaire digne de Screech (ceux qui n’ont pas passé leur adolescence devant la télé au début des années 90 ne comprendront probablement pas cette référence), une voix que beaucoup comparent à celle de Jacques Brel, des racines belgo-rwandaises et la formule magique pour faire danser les foules sur des paroles totalement déprimantes. Le Maestro Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver, a réussi à conquérir toute la Belgique et à rayonner bien au-delà des frontières nationales avec un seul titre : Alors on danse, désigné « tube de l’année 2010 » aux MIA’s, les Music Industry Awards  qui récompensent le monde musical flamand, et classé numéro 1 des hit-parades en France, en Autriche, aux Pays-Bas, en Italie, en Suisse, en Allemagne et au Danemark. Preuve ultime de son succès international : les Black Eyed Peas ont jeté sur lui leur dévolu pour assurer leur première partie de leurs concerts au Stade de France en juin dernier. Certains chanteurs français ont dû « être verts »…
Non content de faire exploser les ventes de son premier album Cheese, le jeune Bruxellois a fait parler de lui dans tous les potins people en  formant un couple des plus glamours avec Tatiana Silva, Miss Belgique 2005, devenue ensuite présentatrice météo sur la RTBF et participante en 2010 à la version flamande de l'épreuve de survie sur une île déserte en mode télé-réalité, Expeditie Robinson. Deux symboles nationaux ensemble, c’est quand même assez rare. Quand est-ce qu’ils font un bébé ?


Le Bonus flamand
Devinez quel était le tube de l’année aux MIA’s 2011 ? Somebody That I Used to Know, de Gotye. Parce que, si certains l’ignoraient encore, Gotye est flamand, ou plus exactement, il est né en Flandre, à Bruges, et a quitté la Belgique pour l’Australie quand il avait 2 ans. Gotye, c’est sa manière à lui d’écrire Gauthier, équivalent français de son vrai prénom, Wouter. 


mercredi 30 novembre 2011

L’esperanto belge : Premier

Le premier Premier, Léon Delacroix (1918-1920). 
Avant lui, on parlait de « Chef du Cabinet »
Encore un mot français utilisé par les Flamands ! (promis, la prochaine leçon d’esperanto belge sera un mot néerlandais répandu chez les francophones). Si pour les francophones, « premier » est un bête adjectif numéral ordinal qui peut s’appliquer plus ou moins à n’importe quoi, pour les Belges néerlandophones, le terme ne désigne qu’une chose, et en l’occurrence une personne : le Premier ministre. Ce qui veut dire que non seulement nous partageons le mot, mais aussi « l’objet », puisque jusqu’à preuve du contraire (et ces derniers temps, c’était pas gagné, n’est-ce pas ?), le Premier ministre est le chef du gouvernement fédéral de Belgique et donc de TOUS les Belges. Le seul hic : depuis que les partis politiques belges se sont scindés en partis flamands et partis francophones (1), c’est un homme politique (jusqu’à présent, aucune femme n’a été en lice) flamand qui a fait campagne en Flandre OU un homme politique francophone qui a fait campagne chez les francophones qui se retrouve du jour au lendemain à devoir veiller aux intérêts - parfois difficilement compatibles - des Flamands ET des francophones. Mais il paraît que le statut de Premier ministre belge possède une sorte de caractère magique, qui fait disparaitre en moins de deux toute trace de tendances flamingantes. Si Elio arrive enfin au bout du tunnel, on pourra observer les effets éventuels  de l’entrée au 16 rue de la Loi sur un francophone. Ce n’était plus arrivé depuis 1978, avec Paul Vanden Boeynants, dit VDB, qui avait toutefois des racines flamandes : ses parents, bouchers, étaient originaires de Malines. 
(1) En 1968 pour les catholiques, en 1973 pour les libéraux, en 1978 pour les socialistes.


 
Le Bonus flamand
 Ivan De Vadder et Indra Dewitte, 
les présentateurs de De zevende dag

La une a Mise au point, RTL TVI a Controverse. La Flandre a bien sûr elle aussi sa grande émission de débats centrés sur la politique, diffusée le dimanche en fin de matinée : De zevende dag (« Le septième jour ») sur één. Rien de tel pour se mettre en appétit avant un bon rôti…

vendredi 11 novembre 2011

Spéculoos

Il existe deux hypothèses plausibles quant à l’origine du mot spéculoos (en néerlandais, on dit speculaas). Selon la première, le nom des biscuits viendrait du latin speculum signifiant « miroir », puisque ces douceurs sont comme des « images », traditionnellement moulées en forme de personnages, en général Saint-Nicolas ou Père Fouettard. La seconde lie le spéculoos à un autre mot latin, species, « épices », étant donné que la recette de cette spécialité belge exige, outre la farine, le beurre et la cassonade (de préférence de la cassonade Graeffe, que dans certaines régions on appelle « la cassonade Gamin », en référence au petit garçon qui figure sur le paquet), un mélange savant d’épices qui contient notamment de la cannelle et du clou de girofle pilé. Il ne faut  pas confondre les spéculoos et les couques de Dinant, elles aussi moulées dans des formes diverses, mais où le miel remplace la cassonade.
Dans mes souvenirs, les spéculoos, c’était toujours ce qui partait en dernier dans les boîtes d’assortiment de biscuits, une fois qu’on avait bâfré ceux au chocolat, les sablés et les cigarettes russes. Ce qu’on mangeait par dépit en quelque sorte. Mais ces dernières années, le spéculoos semble avoir le vent en poupe et être ultra tendance dans les cuisines : tiramisu, glace, crème brulée, cheesecake, mousse…. tous se déclinent en goût spéculoos, sans parler des associations paraît-il succulentes avec le foie gras ou le fromage de chèvre poêlé. Les puristes achètent leurs spéculoos de la marque Lotus pour les quantités industrielles et chez Dandoy quand ils veulent vraiment se faire plaisir. 



Le Bonus flamand
Les finalistes de De Bedenkers 2007
La pâte de spéculoos à tartiner a réussi à se faire une petite place au rayon du choco. La recette commercialisée par Lotus a en fait été mise au point par une certaine Els Scheppers, qui a présenté publiquement son invention en 2007 dans le cadre de l’émission De Bedenkers (« Les Inventeurs ») sur la VRT. Els a été troisième finaliste. C’est le Sliplift, un enfile-slip qui permet aux personnes handicapées de se reculotter seules, qui a gagné le premier prix. 


mardi 1 novembre 2011

Primitifs flamands

Autoportrait présumé de Jan Van Eyck, 
avec un beau fichu sur la tête
Non, ceci n’est pas une injure. C’est une appellation utilisée en histoire de l’art pour désigner une série de peintres du XVe siècle, très soucieux du détail et utilisant une technique révolutionnaire pour l’époque : la peinture à l’huile. Mais pourquoi – me direz-vous – parler des primitifs flamands dans un blog censé traiter de sujets concernant TOUTE la Belgique ? Eh bien – répondrais-je – parce que les primitifs flamands ne sont pas flamands dans le sens où on l’entend aujourd’hui. Si Jean (Jan) Van Eyck a probablement vu le jour  à Maaseik, dans l’actuel Limbourg, et s’est éteint à Bruges, Rogier Van der Weyden (appelé aussi Rogier de la Pasture) est né à Tournai et est mort à Bruxelles, ville où meurt également Hugo Van der Goes, originaire de Gand. Il faut dire qu’au XVe siècle, la géographie de l’Europe ne ressemblait pas vraiment à ce qu’elle est aujourd’hui. La Belgique actuelle, mais aussi une partie du nord de la France et du sud des Pays-Bas appartenaient alors aux ducs de Bourgogne (Jean sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, ça ne vous rappelle pas vos cours d’histoire ?) et formaient ce qu’on a appelé « les Pays-Bas bourguignons ». Ces territoires ont par la suite régulièrement changé de propriétaires (Habsbourg d’Espagne, Habsbourg d’Autriche…) mais sont restés relativement unifiés pendant plusieurs siècles, ce qui explique notamment que les Belges partagent encore aujourd’hui quelques points communs avec les Français du Nord : tartines de maroilles et chicorée, carillons, « je te dis quoi » et autres spécificités énumérées dans Bienvenue chez les Ch’tis.



Le Bonus flamand
L’Adoration de l’Agneau Mystique de Van Eyck  est sans doute l’œuvre la plus célèbre de ces primitifs flamands.  Elle est conservée à Gand dans l’imposante cathédrale Saint-Bavon (Sint-Baafs en néerlandais), de style gothique. Saint Bavon, moine et ermite décédé à Gand en 654, est le saint-patron de la ville. 


mardi 25 octobre 2011

L’esperanto belge : chance

« Chance dat het niet regent ! » Voilà ce qu’un Flamand peut dire, par exemple un jour d’automne où il se rend en famille au parc Plopsaland De Panne et qu’il a oublié à la maison le sac avec tous les K-Way. « On a de la chance qu’il ne pleuve pas ! » Un Néerlandais ne dira pas « chance ». D’ailleurs, il n’y a aucun mot de « vrai » néerlandais qui commence par ch-. Ceux qu’on trouve dans le dictionnaire Van Dale sont des termes empruntés au français (champagne, chauffeur, charlatan, charmant…), à l’anglais (checken, choke, chip…), issus du grec (chaos, choréographie, chronologie...) ou d’autres langues  encore. En « vrai » néerlandais, on dit « geluk », « Geluk dat het niet regent ».
Et la preuve vivante du fait que les Belges se mélangeaient jadis bien plus qu’aujourd’hui (*), c’est bien sûr Philippe Geluck, le dessinateur et humoriste hyper célèbre chez les francophones, qui s’est même – oh reconnaissance suprême ! - exporté en France en collaborant avec Michel Drucker et Laurent Ruquier, mais que les Flamands connaissent à peine, même s’ils ont déjà eu l’occasion de voir Le Chat sur des boîtes de chocolats Galler et qu’il existe plusieurs traductions en néerlandais des albums de ce félin philosophe. En tout cas, dans la famille Geluck, on n’a pas oublié ses racines : le fils de Philippe, meneur du groupe Coco Royal, a pris comme nom d’artiste Antoine... Chance. 

(*) Autres exemples de personnalités francophones portant un nom flamand : Jean-Claude Van Cauwenberghe, Jacques Van Gompel, Claude Despiegeleer...
 
Le Bonus flamand
On peut sans doute considérer Kamagurka (de son vrai nom Luc Zeebroek) comme l’équivalent flamand de Philippe Geluck.  Les deux hommes ont quasiment le même âge, sont connus pour leurs dessins humoristiques édités dans la presse (Le Soir pour Geluck, Humo pour Kamagurka, principalement) et leurs interventions dans des talk-shows. En plus, ils ont tous les deux des enfants qui font de la musique. Ceux de Kama forment le groupe Hong Kong Dong. 

mercredi 12 octobre 2011

Tintin

Tout le monde en parle ! Le 22 octobre,  la planète entière aura les yeux rivés sur la Belgique, et plus particulièrement sur l’événement prestigieux qui se déroulera au cinéma UGC de la place De Brouckère, en plein cœur de Bruxelles : l’avant-première du film Les aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg, en présence du réalisateur et de Jamie Bell (le Billy de Billy Elliott), qui « incarne » le célèbre reporter. Il aura fallu pratiquement 30 ans à Spielberg pour voir aboutir son idée d’adapter au cinéma les aventures du héros né en 1929 sous le crayon d’Hergé. Avant lui, bien des cinéastes caressant le même projet - Claude Berri, Jean-Pierre Jeunet, Jaco Van Dormael… - se sont cassé les dents contre les barrières d’acier que Fanny Remi, la seconde femme d’Hergé, et Nick Rodwell, époux de cette dernière, ont dressé autour de leur juteux héritage : les droits d’exploitation et les droits dérivés de l’œuvre du dessinateur bruxellois.
Des polémiques autour de Tintin et d’Hergé surgissent régulièrement. Le personnage n’en demeure pas moins un ambassadeur de premier ordre de la bande dessinée belge, bien connu à travers tout le pays. C’est en 1946 que sont publiées les premières traductions, en néerlandais, de Tintin en Amérique, de L’Oreille Cassée et de L’Île Noire. Les lecteurs Flamands découvrent alors Kuifje (« toupet », « houppe »  -  il n’y a qu’en néerlandais que la traduction du nom du personnage s’éloigne autant de l’original), son chien Bobbie et plus tard les détectives Jansen et Janssen, Haddock, le Professeur Zonnebloem…
A plus de 80 ans, Tintin pète toujours la forme. Fera-t-il mieux que les Schtroumpfs ?


Le Bonus flamand
La couverture du 255e tome de Jommeke
Il est blond, son animal de compagnie est un perroquet, il est super populaire en Flandre, mais les tentatives pour  lui faire passer la frontière linguistique (sous le titre Gil et Jo) ont échoué : c’est Jommeke, créé en 1955 par Jef Nys. Tenez-vous bien : il existe à ce jour plus de 250 albums de cette série. C’est bien représentatif d’une des caractéristiques de la bande dessinée flamande, née dans la presse quotidienne : un rythme de production hyper soutenu.

mercredi 5 octobre 2011

Studio 1

Comme le déclarait Yves Leterme en août 2006, dans une interview* pour Libération qui a fait un petit tollé chez les francophones, en Belgique, nous partageons encore une équipe de foot. Les Diables Rouges. Mais en foot, nous avons aussi un championnat national en commun, appelé officiellement « Jupiler Pro League », Jupiler étant un autre concept bien compris par tous les Belges. Ce qui fait qu’une grande partie de la population, essentiellement masculine, regarde les mêmes matchs à la télé. Et après le match, jusqu’à il y a peu, une partie des téléspectateurs poursuivait immanquablement la soirée avec Studio 1, la seule émission - récemment rebaptisée -  qui se retrouvait à la fois sur la grille des programmes de la RTBF et de la VRT. Bon, évidemment,  il ne s’agissait pas vraiment de la même émission : le 1 du Studio se prononçait « één » chez les uns et « un » chez les autres, les présentateurs et les commentaires n’étaient pas les mêmes, etc. Mais pour avoir une seule émission, il faudrait sans doute que tous les amateurs de foot soient bilingues et ça, comme le soulignait Monsieur Leterme dans l’interview mentionnée ci-dessus, on n’en est pas vraiment là. Rappelez-vous : un an après ses fameuses déclarations dans Libération, Leterme, supporter des Rouches, est allé voir au su et au vu de tous un match du Standard avec son meilleur pote du moment, Didier Reynders. Ironique, n’est-ce pas ?

*Yves Leterme, alors Ministre-président flamand mais pas encore  « Monsieur 800.000 voix », déclarait notamment : « apparemment les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais ». Ce qui en a poussé certains à s’efforcer de lui prouver le contraire. 



Le Bonus flamand
F.C. De Kampioenen a même sa fresque BD à Bruxelles
Oui, les Flamands peuvent être kitch. La preuve ultime, c’est  F.C. De Kampioenen, la série la plus longue et la plus populaire de la télévision publique flamande, lancée en 1990 et dont le dernier épisode (le 273e) a été diffusé le 26 février 2011. Cette série humoristique autour d’un petit club de foot a été déclinée en bandes dessinées (plus de 60 albums) et adaptée au cinéma. 

samedi 1 octobre 2011

Les frères Dardenne

Luc est à gauche et Jean-Pierre à droite. Si, si, je suis certaine
Franchement, vous savez les reconnaître? Vous savez qui est Luc et qui est Jean-Pierre ? Avec la certitude de ne pas vous tromper ? Pas facile : on les présente quasiment toujours ensemble. Avec les Borlée (dont nous reparlerons), les Dardenne méritent probablement le titre de  « frères les plus célèbres de Belgique ». Il faut dire que deux Palmes d’or (ils ont frôlé un record historique en passant pas loin de la troisième cette année), un Prix du scénario et un Grand Prix au Festival de Cannes, ça aide à se faire connaître, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. Chouchous des critiques et des médias, les Dardenne peinent pourtant à trouver leur public en Belgique. C’est que Luc et Jean-Pierre, en cinéastes engagés, ne font pas dans le joyeux : accident mortel et travail au noir (La promesse), licenciements et alcoolisme (Rosetta), vente et rachat de bébé (L’enfant), mariages blancs et mafia (Le silence de Lorna)… Avec en toile de fond le décor industriel sinistré de Seraing, la ville où les deux frères ont grandi.
Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Les films des Dardenne, qui ont révélé  entre autres Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Emilie Dequenne et Déborah François, constituent la preuve de cette loi malheureusement implacable : on ne peut pas devenir une star du cinéma en Belgique francophone sans d’abord passer par un succès en France. Attention : cette loi n’est pas du tout applicable à la Flandre, qui défend son propre cinéma avec une redoutable efficacité. 

 
Le Bonus flamand
Pour son rôle dans Rundskop, Schoenaerts a pris 27 kilos
Dans les films susceptibles de représenter la Belgique aux Oscars, Le gamin au vélo des Dardenne était en bonne place. Mais c’est finalement Rundskop (Tête de bœuf), premier long métrage de Michaël R. Roskam, qui a été choisi. Le film – sur la mafia des hormones - doit beaucoup à l’interprétation de Matthias Schoenaerts, jeune acteur anversois qu’on a pu voir notamment dans Any Way the Wind Blows de Tom Barman et Loft d’Erik van Looy.
La bande-annonce de Rundskop 

samedi 24 septembre 2011

L’espéranto belge : patat(e)


Uderzo et Goscinny nous ont menti. Non, les frites n’ont pas été inventées au temps des Romains dans un petit village belge par le chef Gueuselambix.  Cet épisode d’Astérix chez les Belges est historiquement impossible puisque la pomme de terre, originaire des Andes,  n’a été introduite en Europe qu’au XVIe siècle. Et quand on s’intéresse de près à la saga de la frite, on se rend compte qu’il n’est même pas sûr qu’il s’agisse d’une invention belge. Il se pourrait bien – oh horreur ! – que les frites soient nées en France, comme le croient en tout cas les Américains qui les appellent french fries. Quoi qu’il en soit, la pomme de terre n’a pas trainé à s’enraciner dans les mœurs des Belges, qui sont aujourd’hui devenus des champions en matière de rendement : en 2007, la Belgique caracolait en tête du classement mondial avec  47 tonnes produites par hectare. C’est qu’on en mange, des patates… Environ 90 kilos par personne chaque année. Les Flamands utilisent d’ailleurs une expression savoureuse pour désigner une manière de prendre une décision à la va-vite : tussen de soep en de patatten, « entre la soupe et les patates », comme si ces deux éléments figuraient obligatoirement à tous les menus. Patat, prononcé de la même manière qu’en français,  est un mot typiquement flamand (en néerlandais standard, on dit aardappelen, littéralement  « pommes de terre », quelle coïncidence) et outre « patate », il signifie également « frites ». Comme dans een zakje patat, « un sachet de frites », servi comme il se doit avec une bonne dose de mayo et une petite fourchette en plastique. 

Le Bonus flamand
Piet faisant la promo d'un de ses livres
En Flandre, on ne peut pas parler de cuisine sans penser à Piet Huysentruyt. Ce chef chauve au visage rondouillard, qui fut couronné par une étoile Michelin, est devenu une figure incontournable du PAF (paysage audiovisuel flamand) grâce à ses émissions culinaires diffusées sur la chaîne privée vtm : Lekker Thuis (plus de 1000 émissions) et SOS Piet. Dans cette dernière, il vient à domicile au secours de cuistots désespérés et leur refile de bons tuyaux qu’ils doivent répéter à la fin de l’émission.

dimanche 18 septembre 2011

Ros Beiaard/Le cheval Bayard

A Namur, une créature à laquelle s’agrippent quatre hommes surplombe le Pont des Ardennes. Son profil de bronze suggère un dragon voire un chien, mais c’est un cheval, le cheval Bayard. Les légendes médiévales racontent que Charlemagne céda cette monture dotée de pouvoirs magiques à Renaud de Mautauban, l’ainé des quatre fils Aymon, originaires des Ardennes. En ces temps réputés obscurs, il était courant, semble-t-il, de se pourfendre le crâne pour un oui pour un non. Suite à une partie d’échecs qui avait mal tourné, Renaud tua Berlotai, neveu de Charlemagne et Bayard aurait permit à Renaud, Alard, Richard et Guichard (essayez de répéter ces quatre noms plusieurs fois d’affilée pour voir) d’échapper à la colère du Grand Charles. Dans la fuite, les sabots de Bayard auraient même brisé le rocher qui porte aujourd’hui son nom à Dinant.
On trouve une statue étrangement similaire à celle de la capitale wallonne sur un rond-point de Dendermonde (Termonde), en Flandre-Orientale. Car ici Bayard, ou dans ce cas Ros Beiaard, est plus qu’une légende, c’est la vedette d’un cortège dont les origines remontent au Moyen Âge, inscrit depuis 2005 au patrimoine mondial par l’UNESCO. Tous les dix ans, porté avec ferveur par des groupes de Pijnders qui se relaient, un cheval de près de 5 mètres de haut et de 800 kilos transporte quatre frères de sang qui, entre autres strictes conditions, doivent être nés à Dendermonde. Le spectacle du cheval se cabrant face à la foule sur la grand-place, tandis que les tirs de fusils résonnent et que les fils Aymon lèvent leurs épées au ciel, provoque une liesse en bien des points semblable à celle que suscite le Doudou à Mons. 

Exercice comparatif entre
et

Le Bonus flamand
Autre ville, autre légende, qui remonterait à l’antiquité : il était une fois un terrible géant, répondant au doux nom de Druoon Antigoon, qui s'était installé au bord de l’Escaut. Cette créature monstrueuse réclamait un droit de passage à tous les bateaux qui voyageaient sur le fleuve et tranchait la main de ceux qui refusaient de payer. Jusqu’au jour où arriva Silvius Brabo, soldat romain, qui tua le géant, lui trancha la main et la jeta dans l’Escaut. Il est figé en pleine action dans la fontaine érigée en son honneur devant l’hôtel de ville d’Anvers, Antwerpen, hand werpen, c'est-à-dire « jeter la main » en néerlandais.

mercredi 14 septembre 2011

dEUS

Ce vendredi 16 septembre 2011 se produira un événement musical attendu avec autant d’impatience au nord et au sud du pays, tant par les médias que par le public : la sortie de Keep you close, le nouvel album de dEUS. En 2008, les places de la « tournée des clubs » de Vantage Point passant par Hasselt (Muziekodroom), Liège (Droixhe), Leuven, (Het Depot), Charleroi (l’Eden), Bruges (Cactus Club) et Bruxelles (l’AB) s’étaient vendues en quelques heures seulement. Cela fait déjà vingt ans que la formation menée par Tom Barman a vu le jour à Anvers. Entre-temps, dEUS a joué les matriochkas : en 1995, Rudy Trouvé part pour Dead Man Ray et Kiss My Jazz ; l’année suivante, c’est Stef Kamil Carlens qui quitte le groupe pour se consacrer à Moondog Jr, rebaptisé plus tard Zita Swoon ; en 1998, Danny Mommens - arrivé en remplacement de SKC - décide de se dédier entièrement à Vive la Fête en compagnie de sa blondissime compagne Els Pinoo. De la formation initiale, il reste en fait l’inépuisable Tom Barman qui, parmi ses multiples projets, a également apporté sa pierre à l’histoire du cinéma belge (Any Way the Wind Blows), et Klaes Janzoons, le seul homme capable de faire bondir les foules avec deux notes de violon. dEUS, pour toute une génération, a été la preuve vivante que le rock belge pouvait non seulement exister, mais aussi s’exporter avec succès dans le monde entier. De nombreux groupes nés au cours des années 90 et 2000 dans les caves et garages de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles lui sont à jamais redevables. 


Le Bonus flamand
Luc Devos, le chanteur de Gorki
En 1992, dEUS  parvenait à se hisser parmi les finalistes du Humo’s Rock Rally. Ce concours musical organisé comme son nom l’indique par le magazine Humo (l'équivalent flamand de Moustique) existe depuis 1978 et a servi de tremplin à pas mal de beau monde : Evil Superstars, mené par Mauro Pawlowski (aujourd’hui membre de dEUS), Novastar, Das Pop, Goose, The Van Jets, The Blackbox Revelation… et Gorki, incontournable en Flandre mais dont les chansons en néerlandais n’ont jamais passé la frontière linguistique. 

samedi 10 septembre 2011

Plop & Co

En 1999, Meli Park, parc d’attractions situé près de La Panne et créé à l’origine par un apiculteur, fermait ses portes pour faire place quelques mois plus tard à Plopsaland De Panne. Les abeilles qui constituaient l’emblème de Meli avaient disparu. Les petits visiteurs francophones de passage à la côte belge se retrouvaient confrontés à des personnages mystérieux nommés Kabouter Plop, Kabouter Lui, Kabouter Klus… bien connus des petits Flamands. Ces nains rigolos au nez proéminent sévissaient en effet depuis 1997 dans une série télévisée diffusée sur la chaîne flamande vtm. C’est seulement dix ans plus tard que les enfants du sud du pays ont découvert le Lutin Plop dans sa version française, quand Studio 100, compagnie flamande fondée en 1996 et aujourd’hui qualifiée par certains de « Disney belge », a conclu un accord avec RTL-TVI. En plus du Lutin Plop, c’est toute l’écurie de Studio 100 qui a alors débarqué dans les salons des bambins francophones : Fred & Samson, adaptation en français de Samson & Gert (la première production de Studio 100), Bumba le clown, Mega Mindy, Pat le Pirate, les deux souris Wizzy & Woppy…Plus ou moins à la même époque, Télécoo, parc d’attractions situé près de Stavelot, était métamorphosé en Plopsa Coo. En 2008, l’empire de plus en plus tentaculaire de Studio 100 a racheté la société allemande EM.Entertainment à qui appartenait le célèbre dessin animé Maya l’abeille. Durant l’été 2011, Plopsaland De Panne a inauguré un nouvel espace intérieur de 5000 m2 : Mayaland. La boucle est bouclée : les abeilles sont de retour à La Panne…

Le site officiel de Studio 100

Le Bonus flamand
Les filles de K3 font même du cinéma
Dans l'écurie de Studio 100, il y a aussi K3, un trio féminin qui chante en néerlandais. Adulé par les petites Flamandes, mais totalement inconnu côté francophone. K3, ce sont en fait les 3 initiales des chanteuses de la formation d'origine : Kathleen (blonde), Kristel (brune) et Karen (rousse). En 2009, Kathleen a quitté le groupe. Ce départ a donné lieu à une émission de télé-réalité : K2 zoekt K3 (K2 cherche K3), dont voici quelques images (toutes les blondes sont les prétendantes au titre). La candidate retenue pour prendre la succession s'appelle Josje.

vendredi 9 septembre 2011

Maurice Maeterlinck

Maurice Maeterlinck est l’un des rares Belges à avoir été récompensé par un Prix Nobel, et le seul de toute l’histoire du pays à avoir décroché celui de littérature. Si un jour il fallait diviser le patrimoine culturel belge entre Flamands et francophones, où classerait-on ce brave Maurice ? Car il est né à Gand, en 1862, au sein d’une espèce aujourd’hui quasiment disparue : une famille bourgeoise flamande ET francophone. Il fut en effet une époque où, dans les couches les plus aisées de la population belge, comme en Russie ou au Portugal, il était de bon ton de parler français, considéré tout au long du XVIIIe siècle comme la langue véhiculaire de l’Europe. On parlait le français hier comme on parle l’anglais aujourd’hui et le petit peuple du royaume, lui, se cantonnait au quotidien à une multitude de dialectes locaux, flamand, wallon, picard, limbourgeois, etc.
Toute l’œuvre de Maeterlinck, du recueil de poèmes Serres chaudes (1889) aux Bulles bleues (1948), où il évoque ses souvenirs d’enfance, en passant par l’essai La vie des abeilles et l’opéra Ariane et Barbe-Bleue, a donc été écrite en français. Peut-être inspiré par son second prénom Polydore, Maerterlinck laisse à travers son œuvre un fameux listing de prénoms biscornus : Maleine, Arkël, Yniold, Pelléas, Mélisande (dans une pièce qui a inspiré des compositeurs aussi importants que Debussy, Fauré, Sibelius et Schönberg), Tyltyl, Mytyl, Bérylune, Aglavaine, Sélysette, Méléandre, Alladine, Palomides, Ablamore, et j’en passe. 


Le Bonus flamand

Il y a un autre écrivain flamand - d'expression néerlandaise cette fois - qui, selon les bruits de couloir, était en bonne position dans les années 70 pour décrocher le Nobel de littérature : Louis Paul Boon (1912-1979). Contrairement à Maeterlinck, Boon était issu de la classe ouvrière et toute son œuvre a été influencée par le socialisme. L'un de ses romans les plus connus, Mijn kleine oorlog (Ma petite guerre), qui traite de la Seconde Guerre mondiale, a été édité en français au Castor Astral.


mercredi 7 septembre 2011

L’espéranto belge : kot

Voilà un des rares mots compréhensible tel quel dans tout le pays. Au départ, kot en néerlandais, c’est  un taudis, un chenil ou carrément une porcherie. En Belgique, et en Belgique seulement, le terme en vient à désigner les chambres d’étudiants. Ça donne tout de suite une idée du caractère spacieux et soigné de ces pièces aménagées pour accueillir des students dont la ville d’origine est trop éloignée de l’université qu’ils fréquentent. A une époque que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, l’Université Catholique de Louvain était installée à Leuven, chef-lieu du Brabant flamand. C’était le cas depuis 1835, soit un an après la fondation de l’université. En 1968, dans un contexte tendu de conflits linguistiques, les étudiants francophones qui  nichaient en territoire flamand sont définitivement priés d’aller voir ailleurs (le fameux « Wallen buiten »), mais ils emportent dans leurs valises le mot « kot ». Et le terme refleurira à Louvain-la-Neuve, ville qui surgit de terre en Brabant wallon et où les premiers étudiants arrivèrent en 1972. Dans le jargon des étudiants, kot donne naissance à kotter (avoir un kot), co-kotter (kotter ensemble) et co-kotteurs  et co-kotteuses (étudiants dont les chambres se trouvent dans le même immeuble et qui partagent des « communs » : cuisine, salle de bain et/ou un petit salon convivial). Ces dérivés font beaucoup rire nos voisins français, qui, quand ils les entendent pour la première fois, aiment les répéter en produisant de joyeux bruits de basse-cour. 

Le Bonus flamand
Erik Van Looy, sur le plateau de DSMTW
« Ad fundum » est l'équivalent flamand de l'à-font des étudiants francophones. Une preuve de plus que les Flamands sont férus de latin, n'est-ce pas Bart ? Ad Fundum, c'est aussi le titre d'un film de 1993 dont l'intrigue se déroule dans le milieu estudiantin de Louvain, en particulier dans l'ambiance débridée des baptêmes. C'était le premier film d'Erik Van Looy, qui a aussi à son actif les thrillers De zaak Alzheimer et Loft.  Erik Van Looy est aussi connu en Flandre comme présentateur à la VRT. Il présente notamment le quiz De Slimste Mens ter Wereld, un jeu que Bart a failli gagner.

Quelques images d'Ad Fundum, pour se faire une idée...

mardi 6 septembre 2011

Axelle Red

Vous avez déjà remarqué que, quand elle chante en français, Céline Dion perd cet accent québécois à couper au couteau qui fait le bonheur des imitateurs de toute la francophonie ? Eh bien Axelle Red, c’est pareil. Sauf qu’Axelle Red, née Fabienne Demal à Hasselt en 1968, elle fait encore plus fort : même quand elle PARLE en français, elle n’a pas d’accent. Contrairement par exemple à Arno, qu’on pourrait considérer comme son équivalent masculin. Non, vraiment, quand je reprenais en chœur avec mes copines de la cour de récré « Wo ho ho ho, je remonte Kennedy Boulevard », et même plus tard, en la voyant interpréter l’hymne officiel de la coupe du monde au Stade de France avec Youssou N’Dour et Manhattan-Kaboul avec Renaud, jamais je n’aurais pensé qu’Axelle Red était flamande. Et pourtant. S’il n’y avait pas eu ce W si typiquement de chez nous dans « Sensuwalité », j’aurais presque pu croire qu’elle était française.
Il n’y en a quand même pas beaucoup qui peuvent se vanter à la fois d’avoir un père conseiller communal pour l’Open-VLD et de s’être fait décerner le titre de Chevalier dans l’Ordre de l’Art et des Lettres par le ministre français de la culture. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ses chansons, il faut le reconnaître : Axelle Red, elle réussit tous les exploits, c’est une Wonder Woman. Elle est parvenue à combiner sa vie de maman, de chanteuse et de femme engagée et – défi presque impossible à relever – à devenir une star dans toute la Belgique. Chapeau Fabienne !



Le vrai Showbizz Bart
Le Bonus flamand
 
Axelle Red est une telle star en Flandre qu'elle a même droit à des parodies. La voici dans une pseudo-interview avec un pseudo-Showbizz Bart (de son vrai nom Bart Verbeek), présentateur spécialisé dans les people flamands. Même ceux qui ne maîtrisent pas le néerlandais comprendront qu'on tourne ici en dérision l'engagement de la chanteuse, ambassadrice de l'UNICEF.