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vendredi 23 mars 2012

L'espéranto belge: brol




Voilà un mot qui non seulement est commun aux locuteurs belges du nord et du sud, mais qui en plus convient parfaitement pour décrire cette réalité biscornue mais néanmoins attachante qu’est la Belgique. En « vrai » néerlandais, on ne dit pas « brol », on dit « rommel ». Et en « beau » français, on dit « bric-à-brac », ou « bazar », ou un mot plus grossier qui commence aussi par b. Nous avons déjà parlé de la complexité de Bruxelles, mais la Belgique fédérale est tout aussi inextricable. En dessous du niveau fédéral, on trouve 3 communautés (avec des compétences liées aux personnes) et 3 régions (avec des compétences liées au territoire). Et bien sûr, les régions et les communautés ne correspondent pas, ça aurait été bien trop facile. En fait, il n’y a que les Flamands qui ont opté pour une certaine simplicité en fusionnant Région et Communauté flamandes, avec un seul parlement et un seul gouvernement. Pour le reste, il y a la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale, la mal nommée Communauté française  (il n’y a aucun Français dans cette Communauté) rebaptisée à la hâte et dans un moment de tension communautaire Fédération Wallonie-Bruxelles, mais qui ne recoupe évidement pas tout à fait ces deux régions puisqu’il y a aussi la Communauté germanophone, compétente pour les communes de langue allemande situées dans la Province de Liège. Parce qu’il y a aussi le niveau des Provinces (10), qui s’applique partout, sauf pour la Région de Bruxelles-Capitale qui est gérée par trois commissions communautaires : la Cococ, la Cocof et la Cocon (je vous jure que j’invente pas). Et pour compléter le tableau, il faudrait aussi parler des communes (589), y compris les fameuses communes à facilités : néerlandophones à facilité en français, francophones avec facilités en néerlandais, germanophones avec facilités en français, francophones avec facilités en allemand et même francophones avec facilités en allemand et en néerlandais, mais seulement dans certaines matières. En Belgique, on aime bien faire plaisir à tout le monde, quitte à imaginer des structures légèrement tarabiscotées.

Le Bonus flamand
Kris Peeters, Yves Leterme et Eric Van Rompuy (le frère de l’autre) 
prêts à boucler la ceinture
« Gordel » signifie « ceinture » en néerlandais. C’est aussi le nom d’un événement politico-sportif organisé le premier dimanche de septembre dans le but de mettre en avant le caractère néerlandophone de la périphérie bruxelloise, et en particulier des communes à facilités. Chaque année, des dizaines de milliers de promeneurs et de cyclistes flamands parcourent ainsi  « la ceinture », en évitant les clous et autres punaises dispersés sur leur route par des francophones irrités par cette manifestation. Qu'est-ce qu'on s'amuse !


dimanche 4 mars 2012

Bert Kruismans


Il faut quand même l’oser : arriver sur scène en brandissant le drapeau flamand, au son du Vlaamse Leeuw (voir le bonus ci-dessous) devant un public uniquement composé de francophones. Mais avec l’humour, on peut (presque) tout se permettre et comme il le dit lui-même, « Je suis flamand, mais je viens en paix ». Directement reconnaissable à sa moustache digne d’Hercule Poirot, Bert Kruismans est une super star en Flandre. Homme de radio et de télé, cet humoriste a remporté en 2011 la finale de l’émission De Allerslimste Mens ter Wereld, qui réunissait les meilleurs participants des huit saisons de De Slimste Mens ter Wereld (L’homme le plus intelligent du monde), un quiz de la VRT dont les candidats sont des personnalités flamandes. Bert Kruismans a d’abord fait le tour des salles de spectacle flamandes avec son one-man-show België voor beginners (La Belgique pour les débutants) avant de tenter en 2009 une percée à Bruxelles et en Wallonie avec La Flandre pour les nuls (1). Et la percée a réussi. La tournée est d’ailleurs toujours en cours. Premier humoriste belge à dérider le public tant au nord qu’au sud du pays, Bert Kruismans a depuis multiplié les collaborations de ce côté de la frontière linguistique : le livre bilingue Foert, non di dju ! avec Pierre Kroll, le Café serré qu’il sert tous les lundis sur les ondes de La Première, des chroniques dans l’émission 50 degrés nord… Bert Kruismans, c’est la preuve vivante pour les francophones qu’on peut être sympa ET drôle ET flamand. 

(1) Pour l’émission The Voice, c’est le contraire : en Flandre, c’est The Voice Vlaanderen alors que pour les francophones, c’est The Voice Belgium. C’est vrai que The Voice Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est un peu long comme titre…


Le Bonus flamand
Le Vlaamse Leeuw est l’hymne officiel de la Communauté flamande. Ecrit en 1847, ce chant s’inspire du roman d’Hendrik Conscience (pionnier de la littérature flamande), De Leeuw van Vlaenderen (Le Lion des Flandres), sorti en  1838 et retraçant la bataille de Courtrai, dite bataille des éperons d’or. Cette bataille opposa en 1302 les milices flamandes (soutenues notamment par des combattants namurois) au roi de France Philippe IV. C’est donc à l’origine contre les volontés d’expansion française que le lion sort ses griffes.