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dimanche 24 juin 2012

Les festivals


Aujourd’hui, ils se comptent par dizaines et on a l’impression que chaque entité de plus de mille âmes a le sien, mais, de par leur taille, le caractère international de leur affiche et leur ancienneté, il y en a quand même trois qui se détachent du peloton : Rock Werchter, depuis 1975, dans le Brabant flamand, le Pukkelpop, depuis 1985, près d’Hasselt, et le Dour Festival, depuis 1989, du côté de Mons. Ces trois grands festivals estivaux, consacrés au rock et aux autres styles de « musiques actuelles », sont fréquentés par un public majoritairement belge, une foule bigarrée de jeunes gens que l’on casera à la grosse louche dans une fourchette de 18 à 35 ans (plus si Metallica est à l’affiche). Réunis par l’amour de la musique et de la fête, foulant ensemble des mares de boue s’il pleut, soulevant d’un même pas traînant des nuages de poussière s’il fait beau, l’on peut y voir néerlandophones et francophones vibrer en osmose devant un podium en plein air ou sous un chapiteau transformé en sauna, cohabiter en toute quiétude dans l’immensité d’un camping qui, comme New York, ne dort jamais et se côtoyer pacifiquement dans la file pour accéder aux invariablement pestilentielles  « Cathy Cabines » ou au robinet où rincer son poêlon encrassé de restes de pâtes déshydratées achetées au Colruyt du coin. Le Flamand à Dour ou le francophone à Werchter fera peut-être même un effort pour commander ses bières dans l’idiome de la population locale.  Ah, si la vie pouvait être un long festival…

 
Le Bonus flamand
En parlant de musique… Le 11 juillet prochain, à Bruxelles, la Communauté flamande consacrera sa fête à une personnalité incontournable de la chanson flamande : Raymond van het Groenewoud. Les titres les plus connus de sa longue carrière sont probablement le très rock Meisjes, Je veux de l’amour (une reprise du Canadien Robert Charlebois) et l’ironique Vlaanderen Boven (Vive la Flandre !) : « là où l'argent coule en noir, là où l'on parle à peine le néerlandais, là où l'on peut encore louer le Seigneur »...

dimanche 27 mai 2012

Matthias Schoenaerts


Il y a fort à parier que ce soir, lors de la cérémonie de clôture du plus glamour des festivals du septième art, on comptera chez les Flamands et chez les francophones autant de doigts croisés et de cœurs qui battront pour Matthias Schoenaerts. L’acteur au « look mi-ange mi-bad boy un rien timide » (je cite une journaliste du Soir visiblement sous le charme) actuellement en lice pour une Palme à Cannes grâce à sa prestation dans De rouille et d’os de Jacques Audiard figurait dans ce blog il y a quelques mois encore dans la rubrique « Bonus flamand ». Mais quand Rundskop/Tête de bœuf/Bullhead, le film qu’il a tourné avec Michaël R. Roskam et pour lequel il a épaissi sa silhouette à coups de boîtes de thon (1), a été nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger, la presse francophone s’est vivement intéressée à ce nouveau visage « belge ». Et Schoenaerts a reçu le Magritte du meilleur acteur, soit la récompense « ultime » des professionnels du cinéma belge francophone, attribuée ici à un Flamand (bilingue, il est vrai). Mais professionnels et public, ce sont deux choses distinctes. Chez les francophones, très peu ont vu Rundskop. Mais avec De rouille et d’os, Schoenaerts pourra bénéficier des effets positifs de cette loi implacable que Benoît Pelvoorde, Jérémie Renier, Emilie Dequenne et tant d’autres ont déjà expérimentée : un acteur belge n’est vraiment reconnu dans son pays, tout le pays,  qu’après avoir été consacré en France. C’est injuste, mais c’est comme ça. 
(1) 2.400, selon ses propres estimations, qu’il consommait sous forme liquide, un peu comme un milkshake, un milkshake de thon.



Le Bonus flamand
Matthias Schoenaerts a de qui tenir. Son père, Julien Schoenaerts (1925-2006) est considéré comme l’un des plus grands comédiens flamands. Très actif au théâtre, Julien Schoenaerts a figuré dans plusieurs films d’envergure comme De Leeuw van Vlaanderen de Hugo Claus et Daens de Stijn Coninx. On le surnommait « le Marlon Brando des Flandres ».

lundi 9 avril 2012

Eddy Merckx

Hasard du calendrier : il y a actuellement deux films à l’affiche en Belgique où Eddy Merckx joue un rôle indirect. Dans Allez, Eddy !, comédie flamande de Gert Embrechts où figurent des Bekende Vlamingen totalement inconnus chez les francophones comme Barbara Sarafian (1), Peter Van den Begin ou Jelle Cleymans, le petit Freddy, 11 ans, participe à une course cycliste organisée à l’occasion de l’ouverture d’un supermarché. Le gagnant aura la chance de rencontrer Eddy Merckx. Dans Torpedo, comédie du jeune réalisateur Matthieu Donck, François Damiens incarne un trentenaire à la vie ratée qui doit se composer en vitesse une famille pour pouvoir espérer rencontrer son idole… Eddy Merckx. Mais comme le hasard ne fait pas forcément bien les choses, ces films sont sortis au moment où l’étoile du plus célèbre des cyclistes belges (le pedigree est parfait: avec un père néerlandophone et une mère francophone, il est  lui-même parfait bilingue), voire du plus grand cycliste du monde, perd un peu de son éclat. La presse a en effet révélé que le baron Edouard Louis Joseph Merckx, surnommé Le Cannibale, sorti cinq fois vainqueur du Tour de France et du Tour d’Italie, cumulant 31 victoires dans les classiques, sacré trois fois "sportif mondial de l’année", Athlète belge du XXe siècle,  a été inculpé dans une affaire de corruption. Les faits remonteraient aux années 2006 et 2007 et concernent un marché public lié à un achat de vélos Eddy Merckx Cycles pour la police d’Anderlecht. Ce n'est sans doute pas ça qui empêchera les Belges de continuer à être fans de cyclisme, et d'Eddy.
(1)    C’est elle qui imitait Axelle Red dans le sketch de Tegen de Sterren op


Le Bonus flamand
Dans Thuis, il y a aussi Marleen...Merckx
En parlant de Jelle Cleymans, il serait impossible de ne pas parler dans cette rubrique de Thuis (« A la maison »), l’incontournable (du moins en Flandre) série diffusée depuis 1995 chaque jour de la semaine un peu après 20 heures sur  Eén. Jelle Cleymans y incarne Jens De Belder depuis 2008, parmi une foule de protagonistes où les non-initiés ne peuvent que se perdre. La chaîne privée vtm a elle aussi sa série-fleuve tournée en studio, Familie, depuis 1991.






vendredi 23 mars 2012

L'espéranto belge: brol




Voilà un mot qui non seulement est commun aux locuteurs belges du nord et du sud, mais qui en plus convient parfaitement pour décrire cette réalité biscornue mais néanmoins attachante qu’est la Belgique. En « vrai » néerlandais, on ne dit pas « brol », on dit « rommel ». Et en « beau » français, on dit « bric-à-brac », ou « bazar », ou un mot plus grossier qui commence aussi par b. Nous avons déjà parlé de la complexité de Bruxelles, mais la Belgique fédérale est tout aussi inextricable. En dessous du niveau fédéral, on trouve 3 communautés (avec des compétences liées aux personnes) et 3 régions (avec des compétences liées au territoire). Et bien sûr, les régions et les communautés ne correspondent pas, ça aurait été bien trop facile. En fait, il n’y a que les Flamands qui ont opté pour une certaine simplicité en fusionnant Région et Communauté flamandes, avec un seul parlement et un seul gouvernement. Pour le reste, il y a la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale, la mal nommée Communauté française  (il n’y a aucun Français dans cette Communauté) rebaptisée à la hâte et dans un moment de tension communautaire Fédération Wallonie-Bruxelles, mais qui ne recoupe évidement pas tout à fait ces deux régions puisqu’il y a aussi la Communauté germanophone, compétente pour les communes de langue allemande situées dans la Province de Liège. Parce qu’il y a aussi le niveau des Provinces (10), qui s’applique partout, sauf pour la Région de Bruxelles-Capitale qui est gérée par trois commissions communautaires : la Cococ, la Cocof et la Cocon (je vous jure que j’invente pas). Et pour compléter le tableau, il faudrait aussi parler des communes (589), y compris les fameuses communes à facilités : néerlandophones à facilité en français, francophones avec facilités en néerlandais, germanophones avec facilités en français, francophones avec facilités en allemand et même francophones avec facilités en allemand et en néerlandais, mais seulement dans certaines matières. En Belgique, on aime bien faire plaisir à tout le monde, quitte à imaginer des structures légèrement tarabiscotées.

Le Bonus flamand
Kris Peeters, Yves Leterme et Eric Van Rompuy (le frère de l’autre) 
prêts à boucler la ceinture
« Gordel » signifie « ceinture » en néerlandais. C’est aussi le nom d’un événement politico-sportif organisé le premier dimanche de septembre dans le but de mettre en avant le caractère néerlandophone de la périphérie bruxelloise, et en particulier des communes à facilités. Chaque année, des dizaines de milliers de promeneurs et de cyclistes flamands parcourent ainsi  « la ceinture », en évitant les clous et autres punaises dispersés sur leur route par des francophones irrités par cette manifestation. Qu'est-ce qu'on s'amuse !