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mardi 25 octobre 2011

L’esperanto belge : chance

« Chance dat het niet regent ! » Voilà ce qu’un Flamand peut dire, par exemple un jour d’automne où il se rend en famille au parc Plopsaland De Panne et qu’il a oublié à la maison le sac avec tous les K-Way. « On a de la chance qu’il ne pleuve pas ! » Un Néerlandais ne dira pas « chance ». D’ailleurs, il n’y a aucun mot de « vrai » néerlandais qui commence par ch-. Ceux qu’on trouve dans le dictionnaire Van Dale sont des termes empruntés au français (champagne, chauffeur, charlatan, charmant…), à l’anglais (checken, choke, chip…), issus du grec (chaos, choréographie, chronologie...) ou d’autres langues  encore. En « vrai » néerlandais, on dit « geluk », « Geluk dat het niet regent ».
Et la preuve vivante du fait que les Belges se mélangeaient jadis bien plus qu’aujourd’hui (*), c’est bien sûr Philippe Geluck, le dessinateur et humoriste hyper célèbre chez les francophones, qui s’est même – oh reconnaissance suprême ! - exporté en France en collaborant avec Michel Drucker et Laurent Ruquier, mais que les Flamands connaissent à peine, même s’ils ont déjà eu l’occasion de voir Le Chat sur des boîtes de chocolats Galler et qu’il existe plusieurs traductions en néerlandais des albums de ce félin philosophe. En tout cas, dans la famille Geluck, on n’a pas oublié ses racines : le fils de Philippe, meneur du groupe Coco Royal, a pris comme nom d’artiste Antoine... Chance. 

(*) Autres exemples de personnalités francophones portant un nom flamand : Jean-Claude Van Cauwenberghe, Jacques Van Gompel, Claude Despiegeleer...
 
Le Bonus flamand
On peut sans doute considérer Kamagurka (de son vrai nom Luc Zeebroek) comme l’équivalent flamand de Philippe Geluck.  Les deux hommes ont quasiment le même âge, sont connus pour leurs dessins humoristiques édités dans la presse (Le Soir pour Geluck, Humo pour Kamagurka, principalement) et leurs interventions dans des talk-shows. En plus, ils ont tous les deux des enfants qui font de la musique. Ceux de Kama forment le groupe Hong Kong Dong. 

mercredi 12 octobre 2011

Tintin

Tout le monde en parle ! Le 22 octobre,  la planète entière aura les yeux rivés sur la Belgique, et plus particulièrement sur l’événement prestigieux qui se déroulera au cinéma UGC de la place De Brouckère, en plein cœur de Bruxelles : l’avant-première du film Les aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg, en présence du réalisateur et de Jamie Bell (le Billy de Billy Elliott), qui « incarne » le célèbre reporter. Il aura fallu pratiquement 30 ans à Spielberg pour voir aboutir son idée d’adapter au cinéma les aventures du héros né en 1929 sous le crayon d’Hergé. Avant lui, bien des cinéastes caressant le même projet - Claude Berri, Jean-Pierre Jeunet, Jaco Van Dormael… - se sont cassé les dents contre les barrières d’acier que Fanny Remi, la seconde femme d’Hergé, et Nick Rodwell, époux de cette dernière, ont dressé autour de leur juteux héritage : les droits d’exploitation et les droits dérivés de l’œuvre du dessinateur bruxellois.
Des polémiques autour de Tintin et d’Hergé surgissent régulièrement. Le personnage n’en demeure pas moins un ambassadeur de premier ordre de la bande dessinée belge, bien connu à travers tout le pays. C’est en 1946 que sont publiées les premières traductions, en néerlandais, de Tintin en Amérique, de L’Oreille Cassée et de L’Île Noire. Les lecteurs Flamands découvrent alors Kuifje (« toupet », « houppe »  -  il n’y a qu’en néerlandais que la traduction du nom du personnage s’éloigne autant de l’original), son chien Bobbie et plus tard les détectives Jansen et Janssen, Haddock, le Professeur Zonnebloem…
A plus de 80 ans, Tintin pète toujours la forme. Fera-t-il mieux que les Schtroumpfs ?


Le Bonus flamand
La couverture du 255e tome de Jommeke
Il est blond, son animal de compagnie est un perroquet, il est super populaire en Flandre, mais les tentatives pour  lui faire passer la frontière linguistique (sous le titre Gil et Jo) ont échoué : c’est Jommeke, créé en 1955 par Jef Nys. Tenez-vous bien : il existe à ce jour plus de 250 albums de cette série. C’est bien représentatif d’une des caractéristiques de la bande dessinée flamande, née dans la presse quotidienne : un rythme de production hyper soutenu.

mercredi 5 octobre 2011

Studio 1

Comme le déclarait Yves Leterme en août 2006, dans une interview* pour Libération qui a fait un petit tollé chez les francophones, en Belgique, nous partageons encore une équipe de foot. Les Diables Rouges. Mais en foot, nous avons aussi un championnat national en commun, appelé officiellement « Jupiler Pro League », Jupiler étant un autre concept bien compris par tous les Belges. Ce qui fait qu’une grande partie de la population, essentiellement masculine, regarde les mêmes matchs à la télé. Et après le match, jusqu’à il y a peu, une partie des téléspectateurs poursuivait immanquablement la soirée avec Studio 1, la seule émission - récemment rebaptisée -  qui se retrouvait à la fois sur la grille des programmes de la RTBF et de la VRT. Bon, évidemment,  il ne s’agissait pas vraiment de la même émission : le 1 du Studio se prononçait « één » chez les uns et « un » chez les autres, les présentateurs et les commentaires n’étaient pas les mêmes, etc. Mais pour avoir une seule émission, il faudrait sans doute que tous les amateurs de foot soient bilingues et ça, comme le soulignait Monsieur Leterme dans l’interview mentionnée ci-dessus, on n’en est pas vraiment là. Rappelez-vous : un an après ses fameuses déclarations dans Libération, Leterme, supporter des Rouches, est allé voir au su et au vu de tous un match du Standard avec son meilleur pote du moment, Didier Reynders. Ironique, n’est-ce pas ?

*Yves Leterme, alors Ministre-président flamand mais pas encore  « Monsieur 800.000 voix », déclarait notamment : « apparemment les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais ». Ce qui en a poussé certains à s’efforcer de lui prouver le contraire. 



Le Bonus flamand
F.C. De Kampioenen a même sa fresque BD à Bruxelles
Oui, les Flamands peuvent être kitch. La preuve ultime, c’est  F.C. De Kampioenen, la série la plus longue et la plus populaire de la télévision publique flamande, lancée en 1990 et dont le dernier épisode (le 273e) a été diffusé le 26 février 2011. Cette série humoristique autour d’un petit club de foot a été déclinée en bandes dessinées (plus de 60 albums) et adaptée au cinéma. 

samedi 1 octobre 2011

Les frères Dardenne

Luc est à gauche et Jean-Pierre à droite. Si, si, je suis certaine
Franchement, vous savez les reconnaître? Vous savez qui est Luc et qui est Jean-Pierre ? Avec la certitude de ne pas vous tromper ? Pas facile : on les présente quasiment toujours ensemble. Avec les Borlée (dont nous reparlerons), les Dardenne méritent probablement le titre de  « frères les plus célèbres de Belgique ». Il faut dire que deux Palmes d’or (ils ont frôlé un record historique en passant pas loin de la troisième cette année), un Prix du scénario et un Grand Prix au Festival de Cannes, ça aide à se faire connaître, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. Chouchous des critiques et des médias, les Dardenne peinent pourtant à trouver leur public en Belgique. C’est que Luc et Jean-Pierre, en cinéastes engagés, ne font pas dans le joyeux : accident mortel et travail au noir (La promesse), licenciements et alcoolisme (Rosetta), vente et rachat de bébé (L’enfant), mariages blancs et mafia (Le silence de Lorna)… Avec en toile de fond le décor industriel sinistré de Seraing, la ville où les deux frères ont grandi.
Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Les films des Dardenne, qui ont révélé  entre autres Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Emilie Dequenne et Déborah François, constituent la preuve de cette loi malheureusement implacable : on ne peut pas devenir une star du cinéma en Belgique francophone sans d’abord passer par un succès en France. Attention : cette loi n’est pas du tout applicable à la Flandre, qui défend son propre cinéma avec une redoutable efficacité. 

 
Le Bonus flamand
Pour son rôle dans Rundskop, Schoenaerts a pris 27 kilos
Dans les films susceptibles de représenter la Belgique aux Oscars, Le gamin au vélo des Dardenne était en bonne place. Mais c’est finalement Rundskop (Tête de bœuf), premier long métrage de Michaël R. Roskam, qui a été choisi. Le film – sur la mafia des hormones - doit beaucoup à l’interprétation de Matthias Schoenaerts, jeune acteur anversois qu’on a pu voir notamment dans Any Way the Wind Blows de Tom Barman et Loft d’Erik van Looy.
La bande-annonce de Rundskop