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mercredi 30 novembre 2011

L’esperanto belge : Premier

Le premier Premier, Léon Delacroix (1918-1920). 
Avant lui, on parlait de « Chef du Cabinet »
Encore un mot français utilisé par les Flamands ! (promis, la prochaine leçon d’esperanto belge sera un mot néerlandais répandu chez les francophones). Si pour les francophones, « premier » est un bête adjectif numéral ordinal qui peut s’appliquer plus ou moins à n’importe quoi, pour les Belges néerlandophones, le terme ne désigne qu’une chose, et en l’occurrence une personne : le Premier ministre. Ce qui veut dire que non seulement nous partageons le mot, mais aussi « l’objet », puisque jusqu’à preuve du contraire (et ces derniers temps, c’était pas gagné, n’est-ce pas ?), le Premier ministre est le chef du gouvernement fédéral de Belgique et donc de TOUS les Belges. Le seul hic : depuis que les partis politiques belges se sont scindés en partis flamands et partis francophones (1), c’est un homme politique (jusqu’à présent, aucune femme n’a été en lice) flamand qui a fait campagne en Flandre OU un homme politique francophone qui a fait campagne chez les francophones qui se retrouve du jour au lendemain à devoir veiller aux intérêts - parfois difficilement compatibles - des Flamands ET des francophones. Mais il paraît que le statut de Premier ministre belge possède une sorte de caractère magique, qui fait disparaitre en moins de deux toute trace de tendances flamingantes. Si Elio arrive enfin au bout du tunnel, on pourra observer les effets éventuels  de l’entrée au 16 rue de la Loi sur un francophone. Ce n’était plus arrivé depuis 1978, avec Paul Vanden Boeynants, dit VDB, qui avait toutefois des racines flamandes : ses parents, bouchers, étaient originaires de Malines. 
(1) En 1968 pour les catholiques, en 1973 pour les libéraux, en 1978 pour les socialistes.


 
Le Bonus flamand
 Ivan De Vadder et Indra Dewitte, 
les présentateurs de De zevende dag

La une a Mise au point, RTL TVI a Controverse. La Flandre a bien sûr elle aussi sa grande émission de débats centrés sur la politique, diffusée le dimanche en fin de matinée : De zevende dag (« Le septième jour ») sur één. Rien de tel pour se mettre en appétit avant un bon rôti…

vendredi 11 novembre 2011

Spéculoos

Il existe deux hypothèses plausibles quant à l’origine du mot spéculoos (en néerlandais, on dit speculaas). Selon la première, le nom des biscuits viendrait du latin speculum signifiant « miroir », puisque ces douceurs sont comme des « images », traditionnellement moulées en forme de personnages, en général Saint-Nicolas ou Père Fouettard. La seconde lie le spéculoos à un autre mot latin, species, « épices », étant donné que la recette de cette spécialité belge exige, outre la farine, le beurre et la cassonade (de préférence de la cassonade Graeffe, que dans certaines régions on appelle « la cassonade Gamin », en référence au petit garçon qui figure sur le paquet), un mélange savant d’épices qui contient notamment de la cannelle et du clou de girofle pilé. Il ne faut  pas confondre les spéculoos et les couques de Dinant, elles aussi moulées dans des formes diverses, mais où le miel remplace la cassonade.
Dans mes souvenirs, les spéculoos, c’était toujours ce qui partait en dernier dans les boîtes d’assortiment de biscuits, une fois qu’on avait bâfré ceux au chocolat, les sablés et les cigarettes russes. Ce qu’on mangeait par dépit en quelque sorte. Mais ces dernières années, le spéculoos semble avoir le vent en poupe et être ultra tendance dans les cuisines : tiramisu, glace, crème brulée, cheesecake, mousse…. tous se déclinent en goût spéculoos, sans parler des associations paraît-il succulentes avec le foie gras ou le fromage de chèvre poêlé. Les puristes achètent leurs spéculoos de la marque Lotus pour les quantités industrielles et chez Dandoy quand ils veulent vraiment se faire plaisir. 



Le Bonus flamand
Les finalistes de De Bedenkers 2007
La pâte de spéculoos à tartiner a réussi à se faire une petite place au rayon du choco. La recette commercialisée par Lotus a en fait été mise au point par une certaine Els Scheppers, qui a présenté publiquement son invention en 2007 dans le cadre de l’émission De Bedenkers (« Les Inventeurs ») sur la VRT. Els a été troisième finaliste. C’est le Sliplift, un enfile-slip qui permet aux personnes handicapées de se reculotter seules, qui a gagné le premier prix. 


mardi 1 novembre 2011

Primitifs flamands

Autoportrait présumé de Jan Van Eyck, 
avec un beau fichu sur la tête
Non, ceci n’est pas une injure. C’est une appellation utilisée en histoire de l’art pour désigner une série de peintres du XVe siècle, très soucieux du détail et utilisant une technique révolutionnaire pour l’époque : la peinture à l’huile. Mais pourquoi – me direz-vous – parler des primitifs flamands dans un blog censé traiter de sujets concernant TOUTE la Belgique ? Eh bien – répondrais-je – parce que les primitifs flamands ne sont pas flamands dans le sens où on l’entend aujourd’hui. Si Jean (Jan) Van Eyck a probablement vu le jour  à Maaseik, dans l’actuel Limbourg, et s’est éteint à Bruges, Rogier Van der Weyden (appelé aussi Rogier de la Pasture) est né à Tournai et est mort à Bruxelles, ville où meurt également Hugo Van der Goes, originaire de Gand. Il faut dire qu’au XVe siècle, la géographie de l’Europe ne ressemblait pas vraiment à ce qu’elle est aujourd’hui. La Belgique actuelle, mais aussi une partie du nord de la France et du sud des Pays-Bas appartenaient alors aux ducs de Bourgogne (Jean sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, ça ne vous rappelle pas vos cours d’histoire ?) et formaient ce qu’on a appelé « les Pays-Bas bourguignons ». Ces territoires ont par la suite régulièrement changé de propriétaires (Habsbourg d’Espagne, Habsbourg d’Autriche…) mais sont restés relativement unifiés pendant plusieurs siècles, ce qui explique notamment que les Belges partagent encore aujourd’hui quelques points communs avec les Français du Nord : tartines de maroilles et chicorée, carillons, « je te dis quoi » et autres spécificités énumérées dans Bienvenue chez les Ch’tis.



Le Bonus flamand
L’Adoration de l’Agneau Mystique de Van Eyck  est sans doute l’œuvre la plus célèbre de ces primitifs flamands.  Elle est conservée à Gand dans l’imposante cathédrale Saint-Bavon (Sint-Baafs en néerlandais), de style gothique. Saint Bavon, moine et ermite décédé à Gand en 654, est le saint-patron de la ville.